drageurs de chassons

Attention : il y a un peu de spoiler dans le texte qui suit même si j’essaye de ne rien dévoiler… et qu’il n’y a pas grand-chose à dévoiler de toute façon :(



Je suis donc allé voir « chasseurs de dragons » au cinéma.

D’après ce que j’en sais, c’est une prod’ française, basée sur une BD ou un dessin animé, blablabla… le tout avec un budget bien inférieur à ce qu’il se fait dans ce milieu en général (?) – faut-il pour autant utiliser ce prétexte pour leur pardonner ; je ne pense pas.

Leur pardonner quoi me direz-vous ?

Par où commencer ?

Le film est court, trop court : il est d’autant plus difficile alors de raconter correctement une histoire. Voila bien le principal défaut de ce film d’animation : j'ai trouvé qu'ils ne savaient pas bien raconter l’histoire - le scénario est un peu plat et sans surprise. La quête est basique et il manque des évènements pour "densifier" le récit ; il manque même des moments clé qu’il est impardonnable d’omettre (je ne vous raconterai pas la fin car je suis un gentleman mais on ne tranche pas dans le dénouement comme ça quand on a le respect du public). Tout est extrêmement prévisible, tout est convenu, on n’est jamais pris au dépourvu ; on s’ennuie presque par moments… c’est bien triste car il y avait malgré tout une foultitude de points très positifs qui laissaient entendre que ça se déroulerait mieux que ça. Je suis sorti du cinéma un peu hagard, en me demandant si je ne m’étais pas un peu fait arnaquer quelquepart malgré une relativement bonne impression générale – c’était une drôle de sensation en réalité. A froid, fini la schizophrénie : ma position s’est radicalisée.

Les personnages sont plutôt sympathiques et le trait est frais (même si ils dessinent les nez de façon un peu dérangeante), le héros est d'ailleurs plutot charismatique. Cela dit, les voix des personnages sont détestables apart Vincent Lindon qui a su maitriser l’exercice avec talent; Timsit est tout particulièrement crispant et réussit le tour de force de rendre un des personnages principaux tout à fait irritant quand il aurait dû être attachant. Chapeau.
Heureusement, Amanda Leer interprète un personnage secondaire qui ne pollue pas trop l’histoire.

[mode sans-pitié ON]
Le clébard-dragon qui les accompagne est aussi inutile qu’inintéressant – c’est une perte de temps et à chaque fois qu’il s’exprime ça pique les yeux tellement c’est nul. Il me rappelle Jar Jar Binks qui avait été designé pour plaire aux mioches et qui avait énervé tous les fans au plus haut point. Là, c’est un peu le même combat…
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Un truc qui m'a interpelé est que la cible de ce conte me parait mal définie : en effet, tous les ingrédients sont réunis pour en faire un dessin animé idéal pour les enfants et pourtant plusieurs individus du bestiaire sont trop effrayants pour les petits (les cris de terreur des gamines au fond de la salle en disaient long sur ce point). D’un autre côté, l’histoire et le fond sont un peu trop basiques et naïfs pour réellement convenir à un public d'adultes. Il manque de la poésie à la Miyazaki dans tout ça – un peu plus de temps pour développer l'histoire, un peu plus de gestion de ce temps au montage et surtout quelques ellipses plus franches qui auraient peut-être un peu comblé ce faux-pas.

Tiens, parlons-en de Miyazaki : voila bien un point qui m’a gavé pour le coup; l’univers est truffé de plagiats références "Ghibli-esques" et ça commence à être lourd. Je comprends que la génération actuelle d’animateurs soit influencée par Miyazaki et merci à tous pour le fait que l’on ai enfin purgé la recette "à la Disney" mais il n’y a pas que les forets/ciels à la Laputa et des paysages aériens à la Moebius dans la vie nomdedieudebonsangdebois! On peut parler d’héroique fantasy sans pour autant se croire dans le seigneur des anneaux ; on peut rendre un univers poétique et décalé sans qu’il soit systématiquement japanisant… je trouve triste que ces codes soient si figés et que l’hommage nécessaire soit désormais un incontournable et intarissable enchevêtrement de déjà-vus assemblés avec plus ou moins de réussite. Désolé, il faut le dire.

« Le monde » de chasseur de dragon est excellent malgré tout, avec sa gravité sélective, son côté céleste, ses mini-planètes à la mario-galaxy… j’adore, comprenez-moi bien, mais je pense qu’en se creusant un peu la nénette on peut aller plus loin, beaucoup plus loin. C’est trop familier tout ça. Faites-nous rêver ^^

L’éclairage, les VFX et les textures sont bien sûr les points forts des décors. La direction artistique et la 3D sont des modèles du genre. On dit que les artistes français excellent dans ce domaine, je confirme. La team qui a colorisé et éclairé l’univers dans lequel se déroule l’histoire sont des brutes ! c’est dit_

Revenons au bestiaire : il y a peu d’animaux dans ce monde et les seuls sur lesquels on s’attarde sont plutôt belliqueux. Dans les monstres que les héros croiseront, une note spéciale pour le très « 1001patte-esque » premier stre-mon du début et pour le dragon à la tête de citrouille constitué du « nuage rouge ». Le design et la dynamique de ces deux spécimens sont de très haut niveau – bien au dessus du reste d’ailleurs – surtout du boss de fin (le bouffe-monde) qui est minable. Mi-nable, j’insiste. La déception absolue. Bref_

On pourrait croire en me lisant que j’ai détesté chasseurs de dragons. Non, ce n’est pas du tout le cas, on passe un bon moment, mais j’en attendais bien plus. Plus de sensibilité, plus de fraicheur dans la façon d’aborder et de traiter un thème qui aurait pu être plus original encore. On sens que plutôt que de se lâcher, ils ont essayé de refaire du pixar ou du dreamworks mais sans la même excellence, sans la même finesse.

Chasseurs de dragons est donc un bon film d’animation mais sans la petite étincelle de génie qui en aurait fait un ovni que seule une petite team de passionnés peut pondre sans complexes et qui devient culte avec le temps. Malheureusement, je crains que chasseurs de dragons passera inaperçu auprès d’un « shrek » ou surtout d’un « indestructibles » (qui reste encore pour moi le meilleur du genre bien devant nemo ou ratatouille) pour ne citer qu’eux. Les ingrédients drôle+triste+poétique+morale+happy end ne sont pas si faciles à appliquer.



Je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle avec les jeux vidéos (particulièrement le genre du mode solo qui se meurt doucement au profit du jeu multiplayer – en grande partie à cause du manque de complexité des IA dit-on, mais ça c’est une autre histoire) : on fait aujourd’hui avec le next-gen du très beau (graphiquement) mais sans âme ou si rarement ; l’immersion n’est que visuelle, le gameplay est souvent un amalgame réchauffé de méthodes déjà sur-exploitées (je n'ai pas la prétention de dire qu'il faut à chaque fois réinventer la roue, mais je suis sur qu'il y a plus à apporter que ce que la moyenne des prods veut nous vendre 70€). Sans dire du mal, ce n'est pas mon genre, mais j’ai l’impression que c’est d’autant plus flagrant lorsque l’on analyse certaines prods françaises sur le marché actuel : graphiquement c’est souvent au dessus du lot mais l’histoire est parfois plus ou moins mal racontée ; du coup, on s’ennuie un peu, on ne regrette pas nécessairement que la durée de vie de l’aventure ne soit pas plus longue. Je pense que, pour revenir à chasseurs de dragons, si il y avait vraiment eu 15/20 minutes de contenu en plus mais sur le même ton/rythme que le reste, ça aurait été en trop et on aurait trouvé ça un peu long.

Ce sera donc un beau Blu-Ray car il faut bien ça pour faire honneur au dessin mais de là à l’acheter, je ne sais pas – ce sera au moins à louer pour ceux qui l’ont loupé au ciné… j’aurais peut-être dû aller voir Horton à la place, ou attendre kung-fu panda. Tant pis, j’étais en bonne compagnie et j’ai quand même passé une excellente soirée.

Epilogue : Je n’étais pas allé au ciné depuis une éternité et je me suis vite rappelé pourquoi : la foule de connards qui se croient seuls au monde et qui te mâchent du popcorn bouche ouverte en mettant des coups de pieds dans ton siège tout le film, les odeurs, l’inconfort, le prix… ça fait beaucoup. On dit que le ciné est en perte de vitesse à cause du piratage sur le net, je pense que la question est bien plus complexe que ça et que surtout le gens sont trop mal élevés en plus d’en avoir assez de se faire prendre pour du bétail.
Il faudrait que les exploitants de salles se posent les bonnes question – je ne suis pas pressé de retourner au cinéma et il faudra vraiment un film qui me branche particulièrement pour que je refasse la démarche (ironman?).

Ah, j'ai failli oublier : la bande son du film est vraiment pas mal... une musique un peu éthnique, indéfinissable, avec des influences un peu arabisantes sur fond de percus balinaises(!); elle donne vraiment une bonne ambiance au film (vous voyez que je ne dis pas que du mal)