29.10.07

Seychelles - day#2 : Praslin

Ce jeudi 11 octobre, je me réveille difficilement ; il est tôt. Le mini décalage horaire de seulement trois heures n’y est pour rien ; c’est bien l’accumulation des derniers jours et le voyage qui sont en cause (et mon grand age bien sûr mais ça c’est une autre histoire).

Le petit déj’ avec May-Paule est copieux et sympathique, il nous faut prendre des forces car nous nous attaquons ce matin à un gros morceau, très célèbre sur Praslin : la vallée de Mai.
La vallée de Mai est une réserve naturelle déclarée au patrimoine mondiale de l’humanité par l’Unesco. Cette forêt d’une vingtaine d’hectares est tout simplement une des plus anciennes du monde et les nombreuses espèces endémiques que l’on y trouve sont préservées religieusement. C’est le berceau du symbole des Seychelles : le «coco de mer» affectueusement surnommée «coco-fesse».



Pour visiter la vallée de Mai, on m’avait conseillé de me protéger des moustiques et de prendre un guide. Les moustiques se sont avérés bien plus rares que prévu mais le temps ne s’y prêtait peut-être pas (lors d’une saison plus humide c’est l’enfer paraît-il) et le guide était une bonne idée. Sans elle, nous n’aurions vu qu’une forêt ; grâce à elle nous avons appris plein de choses – un vrai cours de biologie et d’histoire. Seul point noir, les boulets qui nous ont accompagné – la France profonde en vacances ce n’est pas jojo :(



Le décor est extraordinaire mais il y a quand même quelque chose qui choque : la forêt ne parait pas habitée ou très peu. On aperçoit et on entend bien quelques oiseaux, on croise quelques beaux spécimens de la monstrueuse araignée locale (...), en cherchant bien on voit de petits lézards vert émeraude et on nous débusque un caméléon lointain mais on est bien loin des denses forêts tropicales de certaines destinations lointaines qui grouillent littéralement et qui sont peuplées de singes brailleurs.



Aux Seychelles, il y a peu ou pas d’animaux qui vous feraient du mal sur terre et apart si on est arachnophobe (oui, oui, on va y revenir…), seuls les rares scorpions et scolopendres (nous n’avons croisé ni l’un ni l’autre pendant le voyage) pourraient éventuellement vous faire une frayeur. Il existe aussi une espèce de gros mille-pattes qui serait urticant mais les relativement petits modèles croisés à La Digue étaient plutôt rigolos et ne traînaient pas pour aller se planquer…



La forêt est spectaculaire et on y passe bien 2 heures ; la visite pourrait se prolonger mais le contact avec les bidochons devient pesant et on est plutôt venus pour la mer alors hop, on boit un jus de fruit de la passion pressé (trop bon) à l’entrée de la réserve et on se casse pour trouver un lieu pas loin où déjeuner pour bien apprécier l’après-midi aquatique.

L’adresse pour manger à midi qu’on nous a conseillé est extra et carrément pas cher : chez Coco Rouge, il ne faut pas être pressé mais on mange créole et c’est méga-bon même si on apprend vite que manger Seychellois peut être très épicé pour nos douces papilles européennes. Sueurs froides et lèvres gercées garanties quand on vous annonce que le plat est « spicy ». L’épice locale est hard-core.

Un bref passage chez May-Paule pour se changer et prendre les affaires de plongée et direction la plage pour notre rendez-vous du début d’après-midi pour aller s’immerger avec Octopus. Je suis impatient de voir les fonds sous-marins des Seychelles que l’on me décrit comme étant parmi les plus beaux de l’océan indien. Mon expérience à l’île Maurice me rappelle que nous sommes dans un endroit privilégié pour plonger. La saison et cette région sont, dit-on, idéales pour apercevoir les requins baleines (mon rêve de plongeur)… à suivre.

[mode plongeur geek ON]
Quelques galères de matos plus tard (ma configuration de détendeur ne s’adapte pas sur leurs blocs comme j’aurais dû l’anticiper, avec mes deux premiers étages montés en DIN et un DS spécifique à ma stab restée en France – j’ai dû donc opter à la dernière minute pour un détendeur du centre de plongée que je n’ai pas trouvé à mon goût et qui a influencé sensiblement ma consommation d’habitude plutôt avantageuse – tant pis, ce sont les aléas du voyage mais c’est frustrant quand même) on embarque sur le bateau de plongée avec toutes nos affaires. Je ne suis en général pas très friand de la configuration PADI où on vous installe tout et où on vous porte tout : je préfère préparer moi-même mon équipement et faire ma batterie de tests au calme avant la plongée mais ce n’est pas l’ambiance ici alors on se laisse faire. Trop d’assistance peut mener à des galères et des approximations de montage dont j’ai appris à me méfier avec l’expérience ; ma stab montée à l’arrache et ma ceinture de plombs déséquilibrée me conforteront dans cette idée. Je déteste les blocs allu 12L qui obligent à se lester en plus (j’espère d’ailleurs que mon lestage sera adapté quand je demande 6Kg avec hésitation) - vive la fonte. En enfilant ma belle combinaison intégrale 3mm, elle me parait un peu serrée (trop de chocolat monsieur gros poisson ?) – pourtant c’est du XL, merde. Allez, c’est l’heure, arrêtons de nous plaindre et profitons de la plongée imminente…
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C’est décidé, nous plongerons cet après-midi à «Coral Garden» ; le site est réputé et le nom est prometteur.
Les sites de plongée ne sont pas très éloignés du centre (anse Volbert est du côté de la réserve de conservation marine) et le petit déplacement en bateau passe trop vite à mon goût. Arrivés sur site, le divemaster prodigue un briefing bien huilé et sécurisant – tout le monde en place – bascule arrière. Il y a une belle tortue qui passe à côté de nous en surface pour prendre une rapide inspiration avant de sonder – c’est un bon présage. Il n’y a pas (ou très peu) de courant et je rejoins vite et sans effort mon binôme à proximité du divemaster. Le temps est un peu couvert mais sur un fond d’à peine 20 mètres et dans une eau à 27°C, le profil de la plongée parait parfait pour une remise à l’eau type ‘plongée de réadaptation’. Regroupés en surface, tout le monde fait le signe ‘ok’ – on vide les stabs en expirant, on descend dans le bleu.
J’adore ce moment où, après une période plus ou moins longue sans plonger, je me retrouve dans des eaux si clémentes en début de vacances (surtout avec madame comme binôme) à descendre pour ma première plongée dans des eaux «nouvelles». Qu’est ce qui nous attend ? On réajuste le matériel pendant la descente, on vérifie le mano' et l’ordi' et que tout est en place et à portée de main, les oreilles passent bien, tout est ok.

Premier choc : la visibilité est ca-ta-stro-phique! Grosse déception. L’eau est laiteuse et chargée en particules et micro-organismes. Il est difficile de quantifier les distances mais au fond on voit mal la surface donc elle est à priori inférieure à 20m ce qui est peu. Aux Seychelles, il n’est pas rare à d’autres saisons d’avoir des distances de visi’ à trois chiffres…
Le corail de ce jardin qui devait être somptueux avant le dévastateur «El Nino» est encore tout blanc seulement 10 ans après son passage. Le corail est un animal qui se régénère particulièrement lentement et seuls quelques patchs de couleurs rares et éparses donnent l’espoir qu’à l’avenir, ce lieu si vivant retrouve de sa superbe. Car pour le coup, les innombrables poissons de récif peuplent fièrement ce décor lunaire blanchi par la mort ; les chirurgiens, balistes, nasons et poissons coffres sont partout et en très grand nombre. On ne sait plus où regarder tellement cette réserve est somptueuse. Les poissons sont très variés, avec des couleurs vraiment vives ; les spécimens moyens sont plus gros que ceux que j’avais pu voir ailleurs. Il faut regarder sous les patates de corail, il n’est pas rare de voir un requin pointe blanche se reposer, posé sur le sable attendant la nuit pour aller chasser - nous aurons la chance d'en voir plusieurs. La bonne santé des poissons sur le récif est démonstrative et omniprésente. J’y croiserais des petites murènes albinos, les nudibranches multicolores que j'aime tant, des grands bancs de carangues peu farouches et des poissons clowns dignes de Pixar batifolant dans une grande anémone posée au sommet d’une patate de corail. C’est malgré tout (on est difficiles) une très belle plongée d’une heure tout rond – on sort ravis. Il me reste 70 bars, madame plus de 100 !

Je regretterais tout au long du séjour de ne pas avoir emmené un appareil photo sous-marin digne de ce nom (note pour plus tard : se renseigner pour un caisson pour le canon) - la lumière n'était pas toujours parfaite et la qualité de la visi' contestable mais les sujets étaient nombreux et dociles... next time.

En rentrant au centre, on traîne à l’ombre en rangeant le matériel avec les autres plongeurs rencontrés lors de l’après-midi– l’ambiance est parfaite, on discute plongée et voyage ; ce jour-là, on se fait vite des amis que l’on recroisera plusieurs fois lors du parcours.



Il est l’heure de se regrouper, de prendre la bagnole et d’aller visiter une autre partie de l’île ; les plages sont nombreuses et chaque coin de l’île a son intérêt et ses petits spots de rêve. Pendant le retour après encore un autre coucher de soleil de cinéma, on passe à «la jetty» pour se renseigner sur les horaires des bateaux pour aller à La Digue plus tard dans le séjour. Sur cette jetée, j’aperçois une raie aigle en surface qui fait un tour dans le port – la vision est irréelle (mais la photo est pourrie, désolé).



On se dépêche de rentrer à une heure raisonnable pour être ponctuels chez May-Paule – la table est dressée et le dîner vient d’être servi. Elle a prévu grand, on dirait qu’il y a à manger pour dix ! Les nombreux plats traditionnels faits de main de maître se succèdent et nous sortons de table repus et épuisés – on se couche tôt et on dors comme des bûches (l’effet plongée ?) – demain on se réveille encore à l’aube bien sûr car le matin on plonge et l’après-midi on a convenu de faire une excursion en bateau avec jude, le fils de May-Paule… on va aller voir Praslin de la mer et surtout les tortues géantes !

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2 commentaires:

Blogger mekanocompany said...

Cher Fatfish, cela fait longtemps que je voulais te le dire mais tes récits sont passionants, une écriture fluide qui inspire l'intérêt.
C'est donc avec assiduité que je suis tes carnets de voyage.
Merci copain !
Je ne rêve que d'une chose : faire un jour un voyage à vos côtés, en tête à tête !
biz
anso

16:54  
Blogger fatfish said...

merci anso, ça me fait bien plaisir ce que tu me dis là :)
nous aussi on aimerait beaucoup se faire un petit voyage avec vous un de ces jours... à méditer_

grosses bises
大魚

20:21  

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